samedi 12 mai 2012

Kérala - Kathakali

Dans le post précédent, on vous racontait notre séjour à Cochin avant d'aller au théâtre voir une représentation de Kathakali. Aujourd'hui, les photos du fameux spectacle !


En tout, ca dure trois heures : 1 heure et demi de préparation, où l'on voit les acteurs se maquiller, une demi-heure d'explications sur l'art du Kathakali, une petite demi-heure de musique (impros de percussions), mais qui semble durer une heure, et une demi-heure de spectacle à proprement parler. 


Dans le pays de toutes les spiritualités, on ne fait évidemment pas juste du théâtre pour l'amour de l'art, on le fait aussi pour l'amour des Dieux, et sous leur houlette.


Les pigments sont tous 100% naturels ; les couleurs sont issues de pierres broyées et liées à l'huile de coco. On a cru comprendre que le rouge était obtenu à partir de l'hématite, mais on ne mettra pas de main au feu. Pour se faire les yeux bien rouges, les acteurs se mettent une graine deux minutes dans l'oeil, juste avant de monter sur scène. Un peu bourrin, mais naturel aussi. 


A gauche, qui se fait le visage vert, c'est le héros. Le héros est toujours vert, avec les motifs de son maquillage qui peuvent changer afin de le reconnaître. Selon la pièce, il peut s'agir de différents héros. Pour nous, ce soir, c'est Jayanthan, le fils d'Indra, le roi du ciel. A droite, le second acteur, campera Lalitha, le personnage d'une belle jeune fille, qui est en réalité un démon, Nakrathundi. Il est en train de s'appliquer une sous-couche blanche avant de se peindre le visage en jaune, la carnation classique des femmes dans le kathakali.


On est impatients !! C'est long la préparation !


Se peindre le visage de toutes les couleurs, ca ne suffit pas, il faut aussi se faire une espèce de fausse barbe/ailette/fraise en papier, un genre de "Ca-a-mangé-Henri-IV" un poil étrange. Un tiers comparse vient donc coller à notre héros des bandelettes de papier autour des joues. Ses gestes sont d'une précision assez hallucinante, surtout au moment de la pose de la colle. 


La musique a une grande importance dans cet art, puisque les acteurs sont muets. Beaucoup passe par la musique, notamment les vers chantés par le "chef d'orchestre", qui apportent un peu de narration à la pièce. 


Le maquillage se précise. En voyant arriver ce grand bonhomme sur scène (celui de droite), on doutait qu'il se métamorphose en femme pour la représentation ; le miracle est en marche. Comme vous le devinez, pas de femme dans le kathakali, c'est entièrement masculin.


Siva et Ganesh, qui ornent chacun un bout de la scène, reçoivent aussi des habits de fête.

Sous son bras, c'est un genre d'accordéon à une note ; c'est fun.

Les choses sérieuses commencent avec une introduction sur l'art du kathakali. Ce monsieur est le guide de la représentation ; durant la pièce, c'est lui qui chantera l'histoire. Avant, il nous explique les origines du kathakali, et ses codes. 
C'est évidemment beaucoup trop complexe et subtil pour que cette petite introduction nous suffise, pauvres profanes, mais c'est intéressant, et les prouesses physiques de l'acteur assez étonnantes. Il commence par nous rouler des yeux pendant Ganesh-seul-sait-combien-de-temps, chose dont nous serions bien incapables sans avoir le mal de mer, ou tout simplement une bonne migraine :


Une démonstration sur les mudras (gestes de la main codés) ou l'importance des expressions faciales nous aidera à comprendre le spectacle.
Les explications données, on n'attend qu'une chose (depuis 2 heures...), le début du spectacle. Malheureusement, les acteurs ont encore un paquet de couches à enfiler, donc le chef et les deux percussionnistes nous offrent une improvisation à base de leurs deux tambours (ci-dessus) et de clochettes-cymbales qui vrillent la tête. Ca dure beaucoup trop longtemps, on voit des gens se boucher les oreilles (haha noobs) et Erwan se retrouve avec mal au crâne.
Ca y est, on va s'y mettre, suspense de ouf derrière le rideau :


Ah ouais quand même, ça claque. Notre bon monsieur est méconnaissable, et campe une femme plutôt crédible (même si c'est évidemment ultra-stéréotypé).


L'histoire qu'ils nous jouent est extraite d'une pièce écrite au XVIIIe siècle par le maharaja Karthika Thirunal (de la famille royale locale), Nakasarura Vadham, soit L'anéantissement de Nakasarura. Nakara est un méchant démon, et la pièce raconte son combat contre les Dieux du Ciel et finalement, sa perte.


Dans cet extrait, deux personnages. Le héros, Jayanthan, que j'ai déjà présenté, le fils d'Indra. La jeune femme s'appelle Lalitha, mais est en fait la métamorphose sous une forme aimable de la démone Nakrathundi, vouée à Nakara. 


La démone est envoyée par Nakara au Paradis pour enlever des jeunes filles à la beauté céleste ; chemin faisant, elle croise Jayanthan, pour qui elle a le coup de foudre. Elle se présente alors sous la forme de Lalitha pour lui faire des avances. Ci-dessus, Jayanthan est en train de lui demander son nom ; ci-dessous, il lui explique qu'il ne peut se marier avec elle sans l'accord de son père.


Là, elle ne le prend pas bien, mais alors pas bien du tout :


Elle finit par reprendre sa forme démoniaque, ce qui consiste à se faire une espèce de barbe, et tirer la langue en hurlant. L'essence de son personnage étant devenue de courir partout en hurlant, on n'a pas vraiment de bonne photo de cette phase. Ci-dessous, Jayanthan la tue, en lui coupant "le nez, les oreilles et les seins". Sympa comme mec.


Fourbu après une journée bien rempli, Jayanthan rentre au bercail tout raconter à son papa.

Malheureusement c'était trop court... et nous voilà de retour dans le monde réel.

1 commentaire:

  1. Salut Les Amoureux.
    content de voir que tout se passe bien.

    Bonne anniversaire Frangin.

    biz des Gueryiens

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