Dundee est une ville côtière, la quatrième plus grande ville
d’écosse (143000 habitants), et se situe sur l’estuaire du Tay. Nous n’y
passerons qu’une après midi et une nuit, la ville ne présentant, selon les
dires, que peu d’intérêts. Abritant seulement une poignée de musées, la cité
est surtout connue pour avoir été l’un des principaux ports de pêche à la
baleine du Royaume-Uni. C’est également le lieu de naissance de Mary Shelley,
auteure de Frankenstein, de William McGonagall, détenteur du titre de « Pire
poète de l’histoire de la littérature britannique », et de David Jones, le
créateur des jeux vidéos Lemmings et Grand Theft Auto. Y est enterré James Bowman
Lindsay, inventeur de l’ampoule électrique et du soudage à l’arc électrique…
Ah si, c’est également la cité possédant le plus fort taux
de grossesses adolescentes d’Europe, ce qui explique qu’une gamine de 16 à 18
ans sur deux que l’on croise dans la rue est soit enceinte, soit accompagnée
d’un ou plusieurs gamins. La raison est à chercher du côté des critères
d’attributions de logements sociaux en Grande-Bretagne, les femmes (et filles)
enceintes étant absolument prioritaires.
Arrivés en bus, nous déposons nos affaires chez notre hôte
du soir, Sean, chez qui nous faisons du couchsurfing, puis nous partons à la
découverte de la ville.
Au programme, les McManus Galleries, The Unicorn et balade
dans la ville.
|
Au fond, le Caird Hall, une salle de concert du Royal Scottish National Orchestra |
|
Desperate Dan et Minnie the Minx, respectivement personnages des bandes dessinées The Dandy et The Beano, cultes chez les britanniques, nées et éditées à Dundee |
Les McManus Galleries, de magnifiques bâtiments néogothiques,
sont donc notre premier arrêt. Il s’agit, grosso-modo, du seul musée de la
ville, abritant des collections extrêmement éclectiques allant de la peinture
classique à l’art contemporain en passant par l’histoire naturelle et ses
traditionnels animaux empaillés, les vitraux médiévaux, des objets égyptiens et
l’histoire scientifique et industrielle de Dundee.
Nous y découvrons également une exposition temporaire,
exclusive pour le jubilé de la reine, dans laquelle nous avons la chance de
voir sortis des collections royales une quinzaine de dessins originaux du
Maître, Léonard De Vinci. Valentine frise l’apoplexie.
Elle vous pondra un superbe article sur le musée y revenant
plus en détail sur son site mais je vous mets quelques photos illustrant les
lieux.
|
The McManus Galleries |
|
Le hall |
|
Quelques exemples de la faune écossaise |
|
De gauche à droite David d'Hungtington, William Wallace et Mary Stuart Queen of Scots |
|
Un rocher à grain sur lequel se serait reposé William Wallace alors qu'il fuyait Dundee après avoir tué le fils du gouverneur. La propriétaire du rocher lui aurait offert un verre de lait avant qu'il ne reprenne sa route. |
|
The Pirlie Pig. Tirelire qui servait à récolter les amendes des membres du conseil de la ville qui ne s'étaient pas présentés à une réunion. On devrait peut-être s'en inspirer pour nos députés. |
|
Guirlande moderne en bidons de lessive recyclés |
|
Une tête réduite Jivaro |
|
N'oublions pas que nous sommes dans une patrie de la chasse à la baleine |
|
Sperm Whale Oil (Spermaceti en francais). Comme son nom ne l'indique pas, elle est tirée du crâne des cachalots (sperm whales en anglais) |
|
Une autre fierté locale |
A notre sortie du musée, nous en profitons pour visiter la
ville, qui est très jolie malgré un temps pas nécessairement au rendez vous (en
gros, ça caille grave). Encore faut-il être sensible au charme des cités
industrielles britanniques sur le déclin. En effet, les trois principaux pôles
de Dundee, qui l’ont amenée, jusqu’au début des années 80 à être l’une des plus
riches cités d’Ecosse, étaient le jute, la marmelade (inventée à Dundee par le
confiturier James Keiller) et la graisse de baleine. Trois secteurs beaucoup
moins porteurs actuellement.
C’est donc au milieu de bâtiments à demi abandonnées que nos
pas nous mènent aux portes du Tickety Boo's, le pub qui changea notre vision de
la nourriture britannique.
C’est l’occasion pour moi de découvrir le Haggis, que nous
appelons panse de brebis farcie mais qui n’est plus guère présentée sous cette
forme depuis belle lurette (ou uniquement en tant qu’emballage). C’est un
mélange d’abats de mouton, d’oignons, d’avoine, de graisse de mouton et de
poivre. Rien de bien méchant en somme. Pour le coup, il m’est ici servi sur une
patate au four et recouvert de cheddar râpé (oui, bon, j’ai dit que c’était
bon, pas que c’était léger !). En un mot : Miam ! (ou
Yummy ! comme disent nos cousins d’outre-manche).
Valentine, elle, penche pour un Lamb bourguignon servi dans
un Giant Yorkshire Pudding. Si le Bourguignon d’agneau n’est pas une révolution
pour les papilles (encore que celui là était particulièrement bon), le
Yorkshire pudding est à mettre au Top3 de nos découvertes culinaires lors de
notre périple en Albion (pas si perfide). Pour vous décrire ça, c’est un genre
de galette levée, en forme de bol ou d’assiette, traditionnellement servie avec
de la viande en sauce et du gravy (sauce à la viande et aux oignons). C’est
tout con mais c’est très bon.
|
Une petite maison sans prétention à vendre |
Après nous être bien rempli la panse de viande, de patates
et de bière, nous repartons à travers la ville en direction du port. Ce dernier
est célèbre pour deux choses. Premièrement c’est ici qu’a été fabriqué et
qu’est entreposé le RRS Discovery, le trois mâts ayant effectué la première
véritable expédition scientifique en Antarctique. Le navire est ouvert au
public mais nous nous abstenons compte tenu du prix exorbitant de la visite.
Nous nous rattrapons donc avec un second bateau, second intérêt du port de
Dundee, The Unicorn ou, en français, La Licorne. Aucun rapport avec François de
Hadoque, les frères Loiseau et Ivan Ivanovitch Sakharine. Nous avons ici
affaire au HMS – His Majesty’s Ship – Unicorn, frégate britannique du début du
XIXème siècle, dernier exemplaire en date et surtout l’un des derniers navires
de guerre à voiles au monde encore à flots, dont seuls 10% des pièces ont été
changées depuis sa construction. La visite est sympa, on peut à loisir se
promener dans les différents niveaux, des ponts-batterie à la cambuse en
passant par les cabines, la sainte-barbe ou les soutes.
|
Une copie de la figure de proue |
|
L'un des deux pont-batteries |
|
Il ne fallait pas faire le mariole dans la marine du 19ème siècle |
|
La cabine des officiers |
En sortant de là, nous continuons notre promenade dans la
ville. Nous tentons d’accéder au Verdant Work, ancienne usine de jute, mais
celle-ci est fermée, tant pis, nous nous baladons dans le quartier industriel
avant de nous en retourner chez notre hôte.
Pour la soirée, nous sortons, avec Sean, le seul écossais à
ne pas boire de bière et à n’avoir jamais goûté le haggis (mais il a un kilt,
alors on lui pardonne), et sa compagne Annah, manger et boire un verre dans un
restaurant-pub-club ultra bruyant à deux pas de chez lui. Il nous était déjà
difficile de discuter avec eux compte tenu de l’accent hyper-prononcé des
dundonians (parmi le pire d’Ecosse), mais avec le bruit c’est impossible. Nous
migrons donc vers un pub plus classique, où Sean nous fait goûter un très bon
single malt tourbé dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom.
|
Sean et Annah |
La soirée se termine ainsi, au pub, puis nous rentrons nous
coucher car demain nous partons à St Andrews.