mercredi 9 mai 2012

Kérala - Cochin, 1er jour


Deuxième étape de notre balade kéralaise, Cochin !
D'abord, une petite précision géographique. Cochin, Kochi en tamoul dans le texte,est une grande ville côtière, en fait composée de plusieurs villes. Sur le continent, c'est Ernakulam, avec toutes les gares (on est arrivés dans une gare ferroviaire et repartis d'une autre), et c'est une ville de province sans grand intérêt (donc beaucoup de bruit, de circulation, de gens, d'odeurs pas toujours sympas...). Après, il y a une série d'îles (Vypeen, Wellington...) qui abritent des zones industrielles où de superbes plages, des quartiers résidentiels ou des ports de plaisance. Et enfin, ce qui nous intéressait nous, Fort-Cochin, sur une péninsule, en face d'Ernakulam (3-4km en ferry), qui est la vieille ville, bastion portugais avant d'être un comptoir hollandais, avec aussi une implantation chinoise. Limitrophe de Fort-Cochin, sur la même péninsule, Matancherry, qui abrite la ville tamoule et la ville juive.

Déjà, en face de notre hôtel, une des curiosités du Kérala, avec une plus forte concentration à Cochin :



Il s'agit de la communauté des chrétiens syriens orthodoxes. Selon la tradition, le christianisme aurait été introduit en Inde au Ier siècle ap. J.-C. par Saint Thomas, qui aurait évangélisé une famille de brahmanes. Ces derniers auraient perpétué et diffusé la chose, et les relations commerciales existant entre le Kerala et le Moyen-Orient auraient amené ces chrétiens d'Inde du Sud à faire allégeance au patriarche syrien au IVe siècle. Je vous laisse imaginer les complications quand les missionnaires portugais arrivent au XVIe siècle avec leur catholicisme romain, puis la deuxième vague de persécutions avec les anglicans au XVIIIe. Bref, ces chrétiens syriens, envers et contre tout, ont résisté, et on trouve encore des témoignages de leur présence un peu partout dans le Kérala.


Ci-dessus, juste un panneau qui nous a fait marrer.

On a décidé de commencer notre visite de Fort-Cochin par la ville juive (et oui, le Kérala est plein de surprises, et d'une tolérance religieuse assez géniale !). Pour ce faire, on a pris un rickshaw. Problème, vu qu'on est dans une zone hyper touristique, beaucoup de commerçants versent des commissions aux chauffeurs de rickshaws pour qu'ils leur amènent des clients. Du coup avant d'arriver à notre but, on s'est bouffé un premier arrêt dans un marché d'épices. Ci-dessous, le gingembre qui sèche au soleil :


La vue en tournant le dos au gingembre :



Une peinture de kathakali, le théâtre classique kéralais, dont l'iconographie est omniprésente à Fort-Cochin :


Bon, c'est bien gentil tout ça, mais des épices j'en ai déjà plein ma cuisine, et le gingembre j'suis pas une grande fan, alors si on pouvait y aller... D'autant que dans la boutique ils sont hyper offensifs, ils veulent tout te faire sentir, goûter... On arrive à s'échapper, et on repart pour la ville juive. Quand soudain, le chauffeur nous impose un deuxième arrêt dans une boutique d'antiquités. J'ai beau me battre pour qu'on reparte, il est tellement gonflant qu'on accepte d'y jeter un oeil. Sauf qu'on est pas là pour faire du shopping (pas encore !), donc on repart les mains vides et lui surement bien déçu.


Enfin arrivés dans le quartier juif, nous comprenons pourquoi le rickshaw nous a fait faire un arrêt dans la boutique de son pote avant de venir ; ici, il n'y a que ça, des antiquaires, des fringues, partout, dans tous les coins. Avec un à trois rabatteurs par magasin, qui veulent tous que tu viennes chez eux. Résultat, ca nous a grave oppressé la gueule, et on a surement fait moins de shopping que s'il n'y avait pas eu tous ces crampons (parce que ca faisait bien envie tous ces masques et statuettes et soies...). On trace donc notre route entre les boutiques, dans ce bien joli quartier, pour visiter d'abord la synagogue Pardesi.
Malheureusement, photos interdites, tellement que tu dois mettre ton appareil en consigne ! C'est bien dommage car l'intérieur est bien joli, avec des lustres dans tous les sens, et un carrelage en porcelaine cantonaise XVIIIe peint à la main. J'ai déniché une photo sur un site de tourisme :


On les remercie, et on continue la visite, avec la Clock Tower, datée de 1760, collée à la synagogue, et qu'on peut photographier ELLE, du coup tous les touristes s'en donnent à coeur joie dessus :


Un joli guétali dans le quartier juif :


La prochaine visite, c'est le Palais de Matancherry, dans lequel a été installé un musée, qui est juste à la sortie du quartier juif. Encore une fois, pas de photo à l'intérieur, ce qui est dommage puisque les peintures murales sont magnifiques, mais plutôt bien vu le respect des Indiens pour leur patrimoine, qui flasheraient tout ça à fond la caisse s'ils en avaient le droit. Quelques photos du palais et des jardins autour, avec d'abord le grand temple qui y est attaché :

L'entrée du musée :


Un escalier qu'il est cool :


Ici, il est interdit de réciter l'alphabet, de faire pipi ou de fumer, mais vous pouvez jeter des ordures, faire du hopping ball, ou passer l'aspirateur :


Sur le pignon du palais, les éléphants affrontés autour d'une devi sont les armes de la famille royale du Kérala.


Le musée lui-même, Val écrira un article dessus pour ceux que ça intéresse. En sortant de là, on va s'offrir deux trois cadeaux, et on se dégote un petit café-brocante adorable dans la ville juive.

La ruelle derrière ledit café :


Et une autre ruelle voisine : 


Par contre, c'est le zénith, on a déjà un peu cramé ces derniers jours, et on a déjà bien crapahuté pour juste une mâtinée, donc on va se la jouer à l'indienne, et faire une sieste. Une fois reposés, on part pour découvrir Fort-Cochin même. On a en gros deux heures devant nous avant d'aller voir un spectacle de Kathakali, ce qui nous laisse le temps de faire un bon tour, en suivant plus ou moins le circuit historique proposé par l'office de tourisme.

Sur Rampath Road, on trippe sur les très beaux arbres qui offrent une ombre bienvenue (et souvent trop rare !!) :


Mais aussi sur la passion locale pour Bob Marley (on a vu pas mal d'affiches ou de peintures de ce type) :


Ou la gare routière municipale :


On remonte jusqu'à la mer, où l'on peut admirer l'emblème de Cochin, les carrelets chinois. Ce sont de grands filets de pêche carrés accrochés à une perche, qui fonctionnent sur le principe du contrepoids. Ca nécessite plusieurs hommes pour les manipuler parce que ça a beau être ingénieux, c'est quand même bien lourd.


Les techniques modernes les rendent évidemment moins rentables, donc les menacent, mais c'est encore bien ancré dans la culture locale. Tu peux d'ailleurs aller directement acheter ton poisson au pêcheur, puis te diriger vers une des nombreuses échoppes voisines pour te faire préparer ton poisson devant toi, avec les légumes et aromates de ton choix.



Petit cliché de village de pêcheurs :


En se promenant le long de la plage, on réalise que les designers de mobilier urbain sous LSD n'ont pas sévi qu'à Pondy :


On croise encore un personnage de kathakali :


C'est d'ailleurs assez rare de croiser du "street art" (avec des gros guillemets) en Inde. Les murs sont couverts de pubs, d'inscriptions et de slogans politiques, mais on trouve peu d'initiatives personnelles. En fait, on n'en a vu qu'à Pondichéry et à Cochin, soit des villes très cosmopolites, touristiques, avec une population d'expat'. Coïncidence ?


On aura deux trois autres exemples à vous montrer dans le prochain post...
Pour l'instant, on se dirige vers l'église Saint-François :


Construite au XVIe siècle, c'est la seule église portugaise à avoir survécu à l'arrivée des Hollandais qui ont tout pété au XVIIe. Elle est surtout connue pour abriter la sépulture de Vasco de Gama, mort à Cochin en 1524. Sa dépouille y a passé une quinzaine d'années avant d'être rapatriée à Lisbonne. Sa pierre tombale est toujours en place dans l'église, mais elle n'a aucun intérêt.
Par contre, c'est la première fois qu'on voit le prix de l'essence affiché dans une église : 


Bon en vrai on a aucune idée de ce que ça peut bien vouloir dire... mais ça nous a fait marrer...

On a encore eu le temps de se perdre dans la ville une petite heure avant d'aller au kathakali. Quelques vues :


Ici, une école catholique. Ca nous a étonné de voir que les meilleurs élèves ont leur tronche sur une banderole dans la cour, type "meilleur employé du mois". Ah oui et des tessons de verre sur les murs tout autour de l'école aussi ; on s'habitue.


Mère Thérésa est évidemment beaucoup célébrée en Inde, on la croise dans le Tamil Nadu et dans le Kérala, alors j'imagine pas ce que c'est dans la région de Calcutta : 


Après avoir fait coucou à Mère Thérésa, on a été au théâtre, et on fera un article spécial dessus parce qu'on a plein de photos et que c'était vachement chouette. On a fini cette belle journée en se pétant le bide dans un restaurant réputé pour être la meilleure table de la ville (catégorie cuisine traditionnelle), et en effet on s'est régalé.


On a chacun deux galettes, et, de gauche à droite, un curry viande ou poisson, un curry de légumes, un petit mélange épinards-lentilles, un dal, et une raïta. On a à peine mangé la moitié de notre plat chacun, ce qui a bien fait marrer le patron, qui nous a conseillé la prochaine fois de ne commander qu'un plateau pour deux. C'est noté.

Ainsi s'achève notre journée de balade à Cochin. Le lendemain, on est partis à 14h en train, donc on a encore plein de trucs à vous montrer !

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