samedi 30 juin 2012

This is the end, my friend... the end.


C'est l'heure du bilan.

Parce qu'on s'est éclatés mais que c'était pas toujours tout rose, on a décidé de faire un top 5 des choses qui nous manqueront ici, mais aussi de celles qui ne nous manqueront... mais alors... absolument pas.

Top 5 des trucs qui vont manquer à Valentine : 

- Croiser Ganesh à tous les coins de rues


- Manger des dosai

- Le jus d'ananas frais

- Trainer dans les temples


- Les petits airs de Réunion malgré le dépaysement

Top 5 des trucs qui vont manquer à Erwan :  

- Les prix, ou ne pas avoir à réfléchir pour l'addition, de toute façon c'est pas cher

- Les rickshaws

- Les expériences culinaires

- Hanuman et ses singes

- Les tripotées de demi-douzaines de variétés de bananes

Top 5 des trucs qui ne vont pas du tout manquer à Valentine : 
- La peur du piment ou le régime imposé

- Voir des groupes de jeunes indiens en pattes déf-spartiates géantes qui font des pieds de Titeuf-moustache prépubère se moquer ouvertement de nous... oui on a définitivement une différente notion de la classe
quelques individus à spartiates et pattes d'ef
Indian blazère : une certaine idée de la classe

- La saleté ou "je n'ai jamais vu autant de gens faire caca de ma vie"

- Les mendiants qui nous fendent le coeur autant qu'ils nous oppressent

- Suer des coudes tellement il fait chaud

Top 5 des trucs qui ne vont pas du tout manquer à Erwan :

- Les indiens, leur sens inné pour la mauvaise organisation et l'impolitesse

- Les rickshaws

- L'inexistence du code de la route
Exemple de circulation calme et ordonnée (si si on vous le jure), en ville

Exemple de circulation calme et ordonnée, à la campagne

- Les décharges à ciel ouvert ou, en résumé, la ville et la campagne.

- L'obsolescence des notions de solitude et de silence

En conclusion, on rentre, mais ce n'est que pour mieux repartir. Stay tuned, le blog n'est pas mort, nous avons encore plein de choses à vous raconter sur notre séjour indien et sur nos prochaines aventures.

mardi 26 juin 2012

Journal - Hampi, épisode 1

Après le bruit et la fureur d’Hyderabad, nous sommes partis à Hampi. Enfin, plus précisément, à Hospet, pour commencer, c’est là que nous a déposé le bus.
Hospet, c’est un petit bled absolument sans intérêt à quelques kilomètres d’Hampi. De là, trois choix s’offraient à nous, loger à Hampi Bazaar, qui jouxte au plus près les ruines de l’ancienne cité au nord, à Kamalapuram, au sud, ou encore dans le village de Virupapur Gaddi, plus au nord qu’Hampi Bazaar, par delà la rivière Thungabhadra, qui se tient sur les ruines de l’ancien village d’Anegundi.

Suivant consciencieusement les conseils de notre Lonely Planet, et motivés par notre envie de visiter, dans les deux jours qui s’offrent à nous, un maximum de sites des environs, nous décidons de poser notre sac à Hampi Bazaar dans l’une des Guest House vantées par notre guide. Nous trouvons donc rapidement un rickshaw qui accepte tout sourire de nous mener jusque là et apercevons notre premier singe durant la course.
Une fois arrivés, il tentera bien par tous les moyens de se faire notre chauffeur personnel pour ces deux jours, nous emmenant voir tous les sites des environs en un temps record. Nous préférons marcher, ce qui s’avèrera fort utile par la suite.

Une fois nos bagages posés, nous avalons un solide petit déjeuner dans un restau tout proche avant de partir à la découverte du temple de Vitthala.

La traversée du village d’Hampi Bazaar nous laisse circonspects. Les trois quart des bâtiments sont en ruines, simplement habités par des singes ou quelques irréductibles ne souhaitant pas déménager. Nous apprendrons peu de temps après qu’une petite guerre oppose un organisme de défense et de protection des ruines du site d’Hampi et les villageois d’Hampi Bazaar. Les premiers souhaitent reloger les seconds à quelques kilomètres de là afin de pouvoir classer l’intégralité des ruines comme site protégé. Les seconds, bien sûr, ne souhaitent pas laisser leurs maisons pour aller vivre dans un complexe résidentiel. Nos informations s’arrêtent là mais nous pouvons imaginer que les maisons détruites sont le résultat d’une évacuation un peu « forcée » des villageois. Malheureusement, nous ne parviendrons pas à faire notre choix de qui blâmer dans cette histoire, entre l’association aux méthodes expéditives qui souhaite avant tout protéger l’un des sites les plus merveilleux d’Inde, ou les indiens qui sont chez eux dans ce village mais qui, nous l’avons vu et le verrons encore, ne montrent absolument aucun respect pour leur environnement, leur passé et les témoignages de ce dernier, détruisant peu à peu toutes les ruines, statues, peintures et œuvres d’art sous le coup des graffitis et dépôt d’ordures en tous genres. 


Vues de la rue principale d'Hampi Bazaar

Nous prenons donc la route du temple de Vitthala au milieu des ruines de ce que fut Hampi Bazaar et des macaques.
Chemin faisant, nous croisons l’imposant temple de Virupaksha, dont le gopuram blanc, datant de 1442, domine le village de ses 50 mètres de haut. Il s’avèrera par la suite qu’à peu près partout où nous irons dans les deux prochaines journées, ce temple nous sera visible à l’horizon.
Dans la continuité de la rue qui fait face au temple, nous entrons rapidement dans Hemakuta Hill, une enfilade de belles ruines, plutôt bien conservées, débouchant sur une imposante statue monolithique de Nandhi, le taureau, monture de Shiva. C’est ici qu’a lieu, chaque année au mois de novembre, le Vijaya Utsav, une grande fête mêlant spectacles de danse et de musique traditionnelles, faisant pour quelques jours revivre l’âge d’or de l’empire des Vijayanagar, qui régnèrent sur la région, depuis leur capitale Hampi, durant plus de deux siècles (de 1336 à 1592) en tant que l’un des plus grands empires hindous de l’histoire.

Hemakuta Hill

Les ruines sont si bien conservées qu'il y ont même installé le poste de police. Bon... ils ont pas l'air ultra occupés mais ils sont là.

Détail d'une colonne

Valentine et la grosse statue de Nandhi

Non loin de là, le chemin pour le temple de Vitthala fait un crochet que nous empruntons d’un pas hardi jusqu’à ce que « stupeur ! » s’offre à nous la vue sur la Thungabhadra, que nous n’avions pas encore pu observer. La rivière est magnifique, bordées de vaches paissant tranquillement, d’hommes embarqués sur de curieuses embarcations rondes, les coracles, qui se font rapidement une joie de nous proposer de nous emmener, moyennant quelques roupies, jusqu’au temple. Mais, encore une fois, nous préférons marcher. La route le long de la rivière est parsemée de petits temples, en activité ou en ruine, certains entre les deux. Nous y croisons du monde, essentiellement des touristes indiens, mais pas autant que nous l’aurions redouté. Malgré l’heure matinale (il doit alors être aux environs de 10h) la chaleur se fait déjà accablante. Il nous aura fallu une bonne demi-heure de marche au milieu des ruines pour parvenir enfin à notre premier objectif, le temple de Vitthala.

Une bien jolie rivière



Au fond, le gopuram du temple d'Hampi Bazaar

L'une des entrées du temple de Vittala


Réputé pour être le plus bel édifice des ruines d’Hampi, ce temple tient sa promesse. Sa construction débutée au XVIème siècle, il n’est pas terminé (mais déjà très avancé) et n’aura jamais été consacré, nous pouvons donc y rentrer en chaussures et accéder à toutes les salles.
Plutôt grand, empli de sculptures toutes plus fines les unes que les autres, c’est un endroit magnifique. Absolument chaque pilier du temple (et il y en a un paquet) est unique. On y découvre à tout moment des petites sculptures de singes et ou de personnages amusants.
Au centre de la cour, un mandapa est réputé pour posséder des piliers musicaux, qui résonnent lorsqu’on tape dessus. Pour éviter toute dégradation, les gardiens ont eu la bonne idée d’y mettre des dispositifs de mise à distance.
Juste devant, un chariot de pierre est l’œuvre maitresse du temple, si bien qu’il est très difficile à prendre en photo tant les touristes, en particulier les enfants, aiment grimper dessus pour se faire prendre en photo.
Nous faisons également un tour dans le sanctuaire souterrain, situé sous le sanctuaire-pas-souterrain du temple, simplement éclairé par quelques rais de lumière venus de l’extérieur par de fins soupiraux et fleurant bon le guano de chauve-souris.


A l'intérieur du temple





Quand il n'y a pas de vrais singes, on en sculpte !
A l'intérieur du sanctuaire souterrain

Les piliers musicaux

Ça vous rappelle quelque chose ? ...
... Mais oui mais c'est bien sûr !





Le fameux chariot de pierre.


Vue des environs du temple

Où même les vaches se la coulent douce à l'ombre

Ah, il y a des crocos dans la rivière... mais nous on en a pas vu


Ici les femmes qui n'arrivent pas a avoir d'enfants viennent accrocher un petit sac avec des trucs dedans à un banian sacré. C'est sensé leur apporter la fertilité. Mais au détour d'un chemin c'est surtout... étrange et surprenant.

Deux coracles dans l'eau

Après avoir passé une petite heure à flâner dans le temple, nous repartons par où nous sommes venus et nous arrêtons boire un verre au bord de la rivière dans un établissement qui se révèlera avoir utilisé abusivement du panneau « recommandé par le lonely planet ».

Mais la vue est jolie et le pepsi pas cher alors...

Le gopuram du temple d'Hampi Bazaar se voit de loin. Oui, oui.

De retour à la Guest House, nous nous accordons une petite pause sous les ventilateurs et un bon déjeuner avant de partir à l’assaut de la plus grosse partie des ruines d’Hampi, la cité royale.

Nous faisons un bref passage dans le marché d’Hampi Bazaar à la recherche d’un rickshaw nous proposant de nous emmener à la cité royale. Devant les prix exorbitants (200 roupies pour 2 kilomètres, nous en avions payé 150 pour les 15 kilomètres du bus au village) demandés par ceux cis et l’agressivité de l’un d’eux en particulier devant notre refus de payer une telle somme, nous décidons, une fois de plus, de partir à pieds.
Une demi-heure de marche en plein soleil, c’est une épreuve, mais ce que nous allions trouver au bout de notre route en valait la peine.


Les bassins d'ablution du temple d'Hampi Bazaar


Et les magnifiques étals de pigments du marché

Nous commençons notre visite de la cité royale par l’enceinte du zenana, un quartier clos uniquement réservé aux femmes dans lequel le Lotus Mahal, bâtiment principal, servait sûrement de lieu de divertissement à la reine.
Un peu plus loin, par delà les remparts cloitrant ces femmes à l’écart du monde, se dresse l’immense étable aux éléphants où onze grandes salles voutées, chacune surmontée d’un dôme unique servaient « boxes » aux éléphants royaux. Aujourd’hui la place est occupée par des dizaines d’écureuils pour qui les lieux doivent sembler un tantinet plus spacieux.
Juste à côté, un petit musée de sculpture, vide de visiteurs, nous permet de nous ressourcer un peu loin de l’agitation touristique qui règne dans les lieux prisés de la cité royale.


Dans le quartier des femmes

Le lotus Mahal

Les étables à éléphants


Et un écureuil en flagrant délit de mignonitude

La chaleur étant vraiment pesante, nous décidons de nous reposer à l’ombre d’un arbre jusqu’à ce que des bergers trouvent amusant de faire paitre leurs chèvres tout autour de nous.
Nous fuyons et contournons l’étable aux éléphants pour pénétrer dans un endroit où les touristes ne vont visiblement jamais.
Ici l’herbe n’est pas tondue ni arrosée, et les petits temples qui s’y trouvent sont un refuge aux nombreux bergers et Kèstufoulà qui peuplent les ruines ; il y fait très agréablement calme.


Suivez le guide


En sortant de là, nous passons devant le temple de Rama, dont les frises sculptées sur l’ensemble des murs extérieurs, racontant vraisemblablement, si ce n’est l’intégralité, au moins des passages, le Ramayana, nous incitent à entrer. Le temple est très beau, calme puisque n’étant pas spécialement cité dans les guides touristiques, et plutôt ombragé. Une femme, passant le balai sous les arcades, prend l’initiative de nous expliquer sommairement le temple avec un sourire puis nous partons en direction des bains de la reine.




En chemin, nous passons devant un immense (et le mot est faible) complexe de fondations et de restes de murs de ce qui semblait être des quartiers d’habitation de la cité. Nous hésitons à y entrer devant l’absence totale d’humains et de panneaux. Finalement la peur de nous y perdre, des éventuels serpents et des voleurs (dont on nous a conseillé de nous méfier dans les parties les plus isolées du site) est la plus forte, et puis il nous reste encore beaucoup de choses à visiter, nous passons notre chemin. Un peu plus loin, nous croisons une grande estrade de pierre surplombant les anciens thermes. De là haut, la vue est impressionnante sur une grande partie des ruines. De jeunes gens nous demande, pour la 250ème fois de la journée, à se prendre en photo avec nous, cette fois-ci nous disons non, quoi qu’on puisse en penser, nous ne somme pas ici pour ça et ça commence à sérieusement nous courir sur le haricot. Ils insistent, encore et encore, de la manière la plus lourde qu’il soit, et nous préférons quitter la vue plutôt que de céder.

Vue des thermes depuis l'estrade

En cours de chemin, nous dépassons la vieille dame du temple de Rama, qui nous indique que les bains de la reine ferment à 17h. Il est 16h50 et nous sommes en vue de l’édifice. Nous forçons le pas. Visiblement, l’heure de fermeture n’a pas l’air d’inquiéter les indiens puisque les jardins des bains sont envahis de visiteurs, tout comme le bâtiment d’ailleurs. De l’extérieur, les bains ne paraissent pas avoir un intérêt phénoménal, mais le magnifique intérieur le fait mentir.
A peine entrés, un vieil homme tout parcheminé prend, encore une fois, l’initiative de nous présenter les lieux. Il est gentil et attachant, nous le laissons faire. Ne parlant pas anglais, il nous fait toutes ses explications à force de grands gestes de ses mains et de sa canne. Lorsqu’un groupe d’ados nous suit en ricanant, voyant que cela nous agace, il les fait fuir à grands coups de bâton. Nous lui laissons quelques roupies en partant, à sa plus grande joie.


L'intérieur des bains de la reine




Quatre des nombreux plafonds, tous différents, des alcôves des bains

Le même bâtiment, de l'extérieur

Il ne nous reste plus qu’à rentrer à Hampi Bazaar en passant par notre dernier projet de visite, le temple souterrain de Shiva. Nous longeons la route sur quelques kilomètres, croisant ça et là quelques singes pour toute population et des champs de canne et des bananeraies pour tout paysage.
Le temple souterrain de Shiva est, comme son nom l’indique, en majeure partie sous le niveau du sol, mais à l’air libre quand même. Encore une fois, c’est très beau et nous passons de longues minutes à observer les moindres détails des décors sous le soleil déclinant. Une partie du temple est inondée, et donc la place est envahie de moustiques mais nous nous accordons d’en faire le tour avant de repartir.

La route du retour

L'entrée du temple souterrain de Shiva




Une bonne demi-heure de marche en retour et nous arrivons en vue d’Hampi Bazaar. Un dernier arrêt est fait au grand temple de Krishna que nous n’avons pas la force de parcourir de long en large. Nous le visitons quand même rapidement. Celui-ci fait face à l’ancienne place du marché d’Hampi. 

L'ancien marché et, de l'autre côté de la rue...

... le temple de Krishna




Une dernière belle vue du gopuram avant d'arriver au village

Un arrêt au stand pour boire un chai avec de sympathiques locaux, qui nous prennent pour des américains malgré le fait qu’on leur dise qu’on est français, et nous voilà rentrés à la guest house, fourbus mais contents. Nous calculons notre itinéraire de l’après-midi, huit kilomètres à pieds sous un soleil de plomb (plus de 40°c), à ajouter aux quatre de la matinée. Douze kilomètres et une demi-douzaine de bouteilles d’eau. Pas mal pour une première journée. Nous impressionnons même le chauffeur de Rickshaw aux prix prohibitifs, sans doute peu habitué à voir des touristes faire ça à pieds sous cette chaleur.

Ça, c'est l'état de nos pieds à la fin de la journée...


Un petit dîner et au lit. Le lendemain nous attaquons l’autre rive de la Thungabhadra, où nous vous raconterons pourquoi Hampi est également considérée comme la cité des dieux-singes.