mercredi 6 juin 2012

Journal - Hyderabad


Nos séjours à Chidambaram et dans Kerala nous ayant donné la bougeotte, nous sommes partis, peu de temps après, à la découverte de l’Andhra Pradesh, et en particulier de sa capitale Hyderabad, la « Cité des Perles ».

Pour information, Hyderabad est également connue pour être l’un des trois principaux foyers du cinéma indien, le Tollywood (en langue télougou). Les autres étant le bien connu Bollywood de Bombay (en langues hindi et ourdou), le Kollywood de Chennai (en tamoul).

Sa prise d’importance dans le domaine de l’informatique ces vingt dernières années vaut à l’un de ses quartiers d’avoir été renommée Cyberabad.

Hyderabad, c’est grand et c’est gros, contrairement aux éléphants qui ne sont que gros. 6,8 millions d’habitants répartis sur 650km² font de la ville la sixième mégalopole la plus peuplée du pays. Elle est loin notre petite et calme Pondichéry.

Arrivés à 8h du matin après une nuit passée en bus, la journée s’offre à nous pour découvrir la ville. Après un check-in à l’hôtel et un petit-déjeuner à base de dosai, nous nous mettons en route dans la fraicheur matinale (mettons… allez 28°c) en attendant l’ouverture des musées, à 10h.
Non loin de l’hôtel, un grand parc et ses plans d’eau nous appellent et c’est avec la joie de trouver quelque point d’ombre que nous le traversons d’un pas sûr.




Le jardin est plutôt joli, de nombreuses fleurs aux innombrables couleurs nous titillent la rétine et, pour une fois, il n’est pas (trop) jonché d’ordures. En revanche, nous comprenons d’où provient la belle couleur verte des pelouses par 30° lorsque nous remarquons des tuyaux d’arrosages allumés, laissés sans surveillance, surement toute la journée. Dans un pays où l’eau potable et l’eau tout court sont un problème et où certaines villes coupent l’eau domestique à certaines heures de la journée, ça fait mal au c**.




Le parc est agrémenté d’un plan d’eau sur lequel trône une île surmontée d’un kiosque, Haut Lieu de la sieste Hyderabadéenne. Sous le pont menant à l’île, de tristes pédalos inusités depuis les années 70 (ou du moins pas lavés depuis) nous fixent de leurs grands yeux mouillés.


Il est 10h, l’heure d’aller visiter des trucs ! Au programme du jour : AP State Museum (musée d’art de la ville) et Health Muséum (bidule muséologico-pédagogique sorti de l’outre tombe d’un monde parallèle).
Pour un rapport détaillé de ces musées, vous pourrez vous rendre sur le blog de Valentine http://lemuseevivant.blogspot.in où ils seront mis en ligne incessamment sous peu.
Je vous en donne tout de même un petit avant-goût avec quelques photos.

De l'AP State Museum : 


Narasimha et sa compagne

Statuette bouddhique tibétaine représentant Tara

Vajrasativa avec sa parèdre, statuette bouddhique tibétaine


Un exemple de bidri, travail du métal typique d'Hyderabad

Un gros char !


Les reliques du Bouddha ; c'est grave la classe même si on a pas tout compris ce que c'était


Et du Health Museum : 

C'est surtout le panneau tout en haut qui est intéressant ici. Assez révélateur.

Quelques bocaux de formol contenant divers trucs dégueux. Les bocaux sont généralement fêlés et se sont vidés de tout ou partie de leur contenu, répandant une odeur de formol dans le musée et laissant les bouts de chair à la moisissure. Très sympathique.

Voilà qui vient complètement contredire la première photo mais bon, on n'est pas à un paradoxe près.
L’après midi se passe essentiellement dans la fraicheur (plutôt réelle cette fois) des ventilateurs de l’hôtel. Vers 16h30 nous repartons à la conquête du lac Hussein Sagar sur lequel se dresse une colossale statue du Bouddha. Pour l’histoire, cette statue devait être transportée, en 1990, d’un bout à l’autre de la ville en passant sur le lac par bateau. Comme dans les blagues, le bateau coule, et la statue reste deux ans immergée avant d’être repêchée intacte et posée sur une île artificielle, sans voir la fin de son voyage initial.




Pour prendre le bateau afin d’aller sur le lac, notre Lonely Planet nous indique de nous rendre  au Lumbini Park je cite « Un jardin plaisant où l’on peut contempler les superbes couchers de soleil de Hyderabad […] et offre une superbe vue sur la statue du Bouddha »). Nous, naïfs, sommes persuadés de pouvoir faire un tour dans un autre joli jardin public avant de monter à bord. Que nenni ! Il faut toujours rester sur ses gardes en Inde, et en particulier par rapport au mot Park qui, bien souvent, signifie Parc-d’attractions-payant-dont-le-spectacle-son-et-lumière-ameute-la-moitié-des-plus-beaufs-et-malpolis-gens-de-la-région, ce que notre cher petit guide ne précise pas. Qu’à cela ne tienne, un second embarcadère se trouve de l’autre côté du lac, un coup de rickshaw et nous y sommes dans deux minutes.
C’était sans compter que les rickshaw d’Hyderabad (cela nous est rarement arrivé ailleurs en Inde) sont pour beaucoup plutôt malhonnêtes. Tant pis, nous marcherons.

Cette balade de quelques kilomètres nous fut finalement en partie bénéfique puisqu’elle nous a permis d’observer à loisir le vol des chauves-souris pêchant dans le lac. Pas des petites pipistrelles qui mangent des moustiques à la nuit tombée dans les ruelles de Pondy. Ni même ces petites chauves-souris nichant dans les coins et recoins sombres du moindre temple et palais du Tamil Nadu. Non là ce sont des chauves-souris de compétition. Du genre à se battre avec les mouettes et les corbeaux pour un bout de poisson, du genre qui fait facilement 1m/1m50 d’envergure. Eh ouais les amis, ça c’est de la chauve-souris !

tadadadadadadam

tadadadadadadadam

tadadadadadadam

Batmaaaaaaaan !
Je disais donc « en partie bénéfique ». En partie seulement oui, car cette balade nous a également permis de voir ce que l’Inde nous a jusqu’ici montré de plus sale. L’intégralité des rives du lac, sur tout son pourtour (il est grand le lac), est littéralement couverte d’une épaisse couche d’ordures en tout genre dans laquelle s’ébattent des centaines de gros rats bien gras.

Au terme d’une demi-heure de marche, nous arrivons enfin à Eat Street, une espèce de promenade sécurisée remplie de terrasses de restaurants et de fast-foods. Notre ticket payé (non sans mal), nous montons enfin à bord et naviguons vers le Bouddha.




Le Bouddha en question il est quand même grand. 17,5 mètres de haut pour 350 tonnes, beau bébé. C’est l’une des plus grandes statues en pierre du Bouddha au monde. A son pied, des dizaines de familles et de touristes (indiens pour la plupart) mitraillent la bête (et nous au passage) et un gardien tente en vain de nous racketter. La nuit tombe sur Hyderabad et quelques photos plus tard nous remontons à bord pour rejoindre Eat Street où nous trouverons, sans doute, quelque chose à manger pour le soir. Oh tiens, des hamburgers, ca va nous changer du biryani !

Le lendemain, c’est parti pour le fort de Golconde, à 8 kilomètres de la ville. En fait Golconde était la capitale du coin avant qu’une grande sècheresse ne force son seigneur à abandonner la forteresse pour Hyderabad. Ici encore, un article détaillé de Val (déjà en ligne cette fois-ci, ici)  vous éclairera sur cette superbe visite. Une fois encore, j’ajoute ici quelques photos, pour le plaisir des yeux.











Peinture représentant la déesse Kali, dans un petit et joli temple au sommet du fort




Idem pour la nécropole des rois Qutb Shahi pour laquelle vous trouverez bientôt un petit article sur Le Musée Vivant.

L'intérieur, très sobre, des mausolées

L'extérieur, un poil moins sobre







Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au Charminar, un monument bâti en 1591 pour célébrer la fondation de la ville et la fin de la sècheresse et des épidémies qu’elle a engendré. C’est un peu leur Arc de Triomphe à eux. Il apparaît d’ailleurs dans la plupart des films télougous que nous avons vus dans le bus ou à l’hôtel, un peu comme les réalisateurs collent toujours une Tour Eiffel pour être bien surs qu’on a compris qu’on était à Paris. 



Le Charminar est entouré d’un immense bazar où l’on peut trouver bijoux, parfums, tissus, objets d’art et du quotidien ou encore chaussures à ne plus savoir qu’en faire. Nous nous promenons quelques heures dans le dédale coloré des ruelles mais la foule oppressante et la sollicitation exagérée des vendeurs finissent par avoir raison de ma patience et nous fuyons pour un quartier plus calme.

En Inde, s'il y a un truc qui ne manque pas, c'est les marmites en fer blanc.


Qui veut des tasses ? Elles sont belles mes tasses !

Et pour, bien sûr, assortir ses pieds à sa belle tasse toute neuve



Le surlendemain de notre arrivée, dernier jour à Hyderabad, est voué à la visite de l’immense Chowmahalla Palace et du Nehru Centenary Tribal Muséum, un très kitsch mais émouvant musée sur les tribus de l’Andra Pradesh.
Pour tous les deux, je vous donne rendez vous très bientôt sur Le Musée Vivant pour les articles que Valentine aura fait dessus et vous allèche dès aujourd’hui avec quelques photos.

Le magnifique Chowmahalla Palace : 










Pas dégueu hein ?
Et le musée Tribal (les photos étant interdites à l'intérieur, nous n'avons que quelques vues de la façade, cependant plutôt représentatives de son contenu) : 




Enfin, un passage au Cha-Cha Nehru Park, parc payant sans grand intérêt où les appareils photos, nourriture, boissons et jeux pour enfants (ballons, etc.) sont interdits. Sympa ! Certains d’entre vous comprendront néanmoins facilement pourquoi le nom du parc nous y attirés… et nous avions besoin de nous reposer un peu au calme avant de quitter la ville, donc on s’est offerts quelques heures de tranquillité à l’ombre des arbres du Cha-Cha Park, le jardin au nom le plus classe du monde. 



Nous ne pouvions décemment pas quitter Hyderabad, la Cité des Perles, sans passer chez un bijoutier pour s’en offrir quelques unes, ni sans passer chez un marchand de bidri, travail du métal emblématique de la région.

Voilà, Hyderabad c’est fini, nous prenons le bus direction Hospet afin de rejoindre Hampi. Cette parenthèse dans une immense mégalopole indienne nous laisse tiraillés entre les somptuosités que nous avons pu voir, l’énergie et la vie qui se dégage d’un tel endroit et la pire crasse et les pires impolitesses que nous avons, à ce jour, pu rencontrer en Inde.

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