mardi 18 septembre 2012

Journal - Thanjavûr



Suite à notre faux départ, nous repartons de Pondichéry au surlendemain de notre mésaventure, direction Tanjavûr, ou Tanjore, ancienne capitale de la dynastie Chola, l’une plus anciennes et plus importantes cités d’Inde du sud.
Après s’être installés dans un hôtel, direction notre première visite de la ville, et pas des moindres, le temple de Brihadesvara, construit entre 1003 et 1010 sous le règne du roi Chola Râjarâja. Le temple est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987.

Le temple vu de la rue. Au premier plan le gopuram et, au fond, le vimâna

Plan plus rapproché du gopuram

Comme dans de nombreux temples shivaïtes, nous sommes accueillis par un éléphant bénissant les fidèles

Ces plaques sont le seul témoignage de la présence de l'Unesco ici


C’est l’un des plus grands et indéniablement l’un des plus beaux et enchanteurs des temples qu’il nous ait été donné de visiter en Inde du Sud. Son vimâna, haut de 66 mètres abrite Adavallan, le présumé plus grand lingam jamais construit (4 mètres de haut pour 7 mètres de diamètre). Etant consacré à Shiva, le temple contient également une statue monolithique de Nandi avoisinant les 25 tonnes pour 5 mètres de long et 4 mètres de hauteur.




Les murs du temples sont intégralement gravés des noms, qualités et adresses des milliers d'artistes et artisans présents à la cour de Raja Raja

Toute l’enceinte intérieure (le temple est clôt de deux enceintes) est parcourue d’une galerie de sanctuaires dont absolument chaque mur est peint dans le style dit « De Tanjore » et représente la vie de Shiva et Vishnu. Cette galerie contient également  250 lingam et une foule de statues de Nandi et de Ganesh, nous assurant bel et bien que nous sommes dans un temple Shivaïte.

Une forêt de lingam



 Le temple nous plait, il y a beaucoup de monde mais il est néanmoins très calme en comparaison à la ville qui grouille à côté. Il y règne un calme et une quiétude que nous avons rarement vus dans ce pays. Les gens sont sympathiques sans être trop entreprenants, seuls quelques enfants nous suivent à la trace pour obtenir quelques photos avec nous.




Détail d'une statue protégeant l'entrée du sanctuaire

 Nous flânons donc dans les cours et les galeries du temple jusqu’à la nuit tombée, heure où la magie augmente encore d’un cran.



 Au crépuscule, le temple se vide un peu, mais de nombreux indiens restent cependant pour les offices du soir. Et lorsqu’une coupure de courant plonge l’intégralité du site dans le noir, seuls les chants des fidèles se fait entendre dans le clair-obscur des bougies. Il est assez tard quand la faim nous pousse enfin à quitter les lieux pour replonger dans la marée urbaine.




Au programme du lendemain, le fort de Thanjavur, un complexe labyrinthique de musées, bibliothèque, palais, cours et couloirs à visiter.
En premier lieu, nous décidons de visiter le musée marathe, la dernière des trois grandes dynasties à y avoir régné avant la colonisation anglaise. Nous peinons à trouver l’entrée du musée mais un jeune garçon à qui nous demandons le chemin nous mène, au travers d’un long dédale de couloirs et d’escaliers sentant le guano de chauve-souris, à ce qui semble effectivement être un musée, sans guichet, sans visiteur, presque sans œuvres.




Notre guide nous abandonne aussitôt et nous déambulons dans cet étrange espace poussiéreux où quelques objets sans réel intérêt trainent dans les nombreuses vitrines délabrées. Nous apprendrons par la suite que le musée était en réalité fermé, vraisemblablement pour travaux, et que nous n’aurions en réalité pas dû pouvoir y entrer.




Nous nous dirigeons ensuite vers la bibliothèque Saraswathi Mahal. L’entrée du bâtiment nous saute tout de suite aux yeux, sorte de hall très coloré, très kitsch aussi, contrastant beaucoup avec l’austérité des collections de la bibliothèque.






A l’intérieur se trouvent pas moins de 30 000 manuscrits, indiens et européens, dont la plupart sont en sanskrits, écrits sur des feuilles de palmiers, en feuillets de quelques dizaines à plusieurs centaines de pages. On y trouve également des cartes, des portraits, de nombreux ouvrages traitants de sujets aussi divers que l’architecture, la médecine, la biologie, l’histoire, la géographie ou la théologie. Dans un coin, une collection de dessins de Charles Lebrun, traitant d’une étude de physiognomonie comparative entre les traits humains et animaux. L’ensemble est en fait la collection du Raja Serfoji, un dirigeant éclairé de Tanjore (fin XVIIIe – début XIXe), féru d’art et de sciences, un personnage attachant et atypique.

En sortant de la bibliothèque, nous pénétrons dans la Rajaraja Chola Art Gallery. Tout autour d’une grande et paisible cour arborée, sont présentées de grandes collections de statues, en pierre pour l’extérieur, en métal essentiellement pour les galeries intérieures.





Mat en pleine contemplation




L’une de ces dernières se veut également être une reproduction, peu fidèle, du Durbar Hall, l’ancienne salle du trône du palais, que nous visiterons plus tard.




une statue grandeur nature représentant Raja Raja


Un accès nous permettait également de monter dans une sorte de donjon, de cinq ou six étages, du haut duquel nous avions une belle vue sur toute la ville et, au loin, sur le temple de Brihadesvara. Dans cette tour, allez savoir pourquoi, est exposé un squelette de baleine, attirant bien plus l’œil (et les graffitis) des indiens que la belle vue sur Thanjavur.

Le fameux squelette de baleine sur lequel vous pouvez admirer de superbes traces de fiente d'oiseau :)



Après être redescendus, nous pénétrons dans le palais Maratha, ou Aranmanai, encore à semi habité par, d’une part les descendants de la dynastie royale, d’autre part des commerçants et des citoyens lambda, et enfin par une active population de chauve-souris. Le palais tombe littéralement en ruine. Il est poussiéreux et sale, les peintures s’écaillent ou tombent sous le coup des graffitis et de l’irrespect, que nous connaissons maintenant bien, des indiens pour leur patrimoine.

Depuis des siècles, Nandi, fidèle, attend son maître Shiva au sortir du Durbar hall

 Le Durbar Hall, salle du trône du palais, haut lieu d’histoire de l’empire Maratha, n’échappe malheureusement pas à cette règle mais reste néanmoins très impressionnant et superbe avec ses nombreux piliers colorés, ses peintures et ses sculptures.






Le Durbar Hall visité, nous terminons notre visite du palais par le Raja Serfoji Memorial Hall. C’est un… hum… musée ? Nous dirions plutôt un amas de vieilleries sans grand intérêt, sans rapport les unes avec les autres, dignes d’une mauvaise brocante, prenant la poussière dans un local décoré avec un goût douteux. 






Cette dernière visite effectuée, nous reprenons le chemin de notre hôtel où nous passons une dernière nuit avant de prendre, le lendemain, la route de Trichy.

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